Ah, si l’on pouvait faire sa thèse dans des conditions idéales ! Sans problèmes d’argent, sans échéances trop stressantes… Mais c’est rarement le cas. Chaque doctorant fait sa recherche dans un contexte particulier, plus ou moins difficile. Vous avez soit des problèmes de temps, soit des problèmes de financement, soit les deux. Peut-on faire une bonne thèse malgré ces contraintes ?
J’ai posé la question à une jeune docteure qui vient de soutenir sa thèse en sciences de l’information et de la communication, Mariana. Elle a fait sa thèse en 4 ans, en consacrant la dernière année entièrement à la rédaction. Je veux aujourd’hui vous présenter son témoignage qui est utile, non pas en tant que modèle à suivre (chaque situation est différente) mais parce qu’il contient des éléments de réflexion, et même de débat, intéressants.
Mariana, quelles ont été les contraintes que tu as dû affronter pendant ta thèse ?
J’ai fait la thèse en 4 ans en travaillant à 50 %. Je n’ai pas eu de bourse donc je faisais des prestations de traduction et de communication à mi-temps. Tous les jours, je travaillais à distance pour ma boîte. Je me connectais sur skype à 8h, et si je n’avais pas de mails pour faire une traduction, je me mettais sur la thèse et dès que j’avais une sollicitation pour la traduction je laissais tomber la thèse. Donc je pouvais être interrompue. Ce n’était pas facile. Je ne voulais pas être multitâche mais j’y ai été obligée. Ceci dit, c’est quelque chose que je déconseille si on peut l’éviter, car le risque est de ne plus être productif ni dans une tâche ni dans une autre.
J’ai aussi le diplôme d’état de monitrice de ski et l’hiver pendant les vacances scolaires je bossais comme monitrice.
Comme je n’étais pas financée par une bourse, mais soutenue par cette entreprise pour laquelle je travaillais, je devais finir ma thèse assez rapidement.
Comment as-tu réussi à finir ta thèse dans ces conditions ?
Ma philosophie était la suivante : comme j’avais d’autres activités à côté, il fallait que j’en fasse le moins possible mais le plus pertinent. J’ai un corpus d’entretiens assez réduit, car j’ai fait le choix d’étudier un terrain très spécifique, qui me permettait de tirer des conclusions intéressantes sans avoir à constituer un corpus immense. J’ai écrit ma thèse et je ne suis pas trop revenue dessus. J’y suis revenue pour corriger les fautes d’orthographe, la structure, mais le contenu en lui-même, je ne l’ai pas trop modifié. J’ai rédigé une sorte de synthèse à chaque partie, avec de nombreux renvois aux annexes et j’ai essayé d’aller droit au but, je n’ai pas trop tergiversé. Il y avait des parties inexplorées dans mes entretiens, que je n’ai pas réussi à thématiser, donc je les ai laissées de côté.
Je suis de nature plutôt pragmatique alors je suis allée à l’essentiel, par contre j’ai proposé des pistes d’approfondissements, que j’ai présentées pendant la soutenance. Il faut bien préciser que c’est le contexte qui fait que j’ai fait ces choix.
Beaucoup de doctorants sont perfectionnistes. Est-ce ton cas et si oui, comment as-tu pu mettre ce perfectionnisme de côté ?
Je suis perfectionniste, mais comme j’avais plusieurs charges de travail, j’ai décidé de déplacer mon complexe de perfectionniste pour le rendre efficace, en faire un atout et non un frein : mon but c’était d’arriver à tout accomplir. Donc au lieu d’être perfectionniste sur l’exhaustivité du contenu, je l’ai cherché dans le fait de réussir à accomplir une tâche dans les temps, et convenablement, pas de manière parfaite, mais de manière convenable.
On m’a parfois dit : ‘’c’est n’importe quoi, si t’as pas abouti ta recherche il ne faut pas arrêter, il faut la continuer…’’ et parfois je me suis sentie comme un imposteur. Je l’ai relativisé après coup et je me suis dit bon, finalement t’as fait un bon travail. Ce que j’ai rendu ne me satisfaisait pas à 100% mais j’ai rendu. J’ai fait des choix au niveau de l’exhaustivité du contenu. C’est dommage quelque part. Mais ça peut aider pour terminer.
Finalement, ton travail a été apprécié par ton jury de soutenance !
Eh oui, j’ai eu parfois l’impression de faire du mauvais travail mais après la soutenance il en ressort que pas forcément… ça pouvait aussi être considéré comme du bon travail. Mon effort de synthèse a été souligné, ça a plu apparemment.
Ce qu’il faut retenir c’est que le résultat n’est pas bâclé. Il faut faire la différence entre la réduction de contenu et la profondeur d’analyse. Il y a peu de thématiques abordées dans ma thèse mais par contre les thématiques sont fouillées, ce n’est pas superficiel. Mon corpus était peu exhaustif mais chaque élément a été bien décortiqué et étudié.
Est-ce que j’aurai fait un meilleur travail en interrogeant 15 personnes de plus ? Je ne sais pas, car je ne sais pas si j’aurai eu le temps de traiter ces données.
Peux-tu me parler de la façon dont tu as abordé la bibliographie ?
Au début, la biblio ça a été un gros complexe, j’ai lu tout et n’importe quoi sans stratégie, des trucs par rapport à ma discipline et pas par rapport à ma problématique. J’ai perdu pas mal de temps en début de thèse et j’avais toujours l’impression de n’avoir pas lu assez de livres. C’était l’idée que j’avais du doctorat, j’avais des complexes en regardant les collègues travailler avec leur pile de livres. J’ai appris à optimiser la biblio seulement en fin de thèse. En fait dans mon champ, j’avais 4 auteurs principaux, vers lesquels mon directeur m’avait d’ailleurs orientée dès le départ, et pour la rédaction je me suis concentrée sur ces 4 auteurs mais ça me complexait un peu. Et puis finalement ce qui m’a vraiment aidée c’est des articles que j’ai trouvés au bout de la 4ème année. C’est à dire que j’écrivais, et quand je me disais : ‘’tiens je suis en train de dire un truc de manière complètement fortuite’’, je cherchais l’article nécessaire pour m’appuyer. Donc, vers la fin de la rédaction je lisais surtout des articles sur internet (dans des revues en ligne) qui se rapportaient à ma problématique du moment, à ce stade de l’écriture. Et j’ai eu tout à coup le sentiment que mes citations étaient beaucoup plus pertinentes et illustraient beaucoup mieux mes propos, alors qu’au début, j’avais l’impression de forcer à faire rentrer une citation dans un paragraphe. J’ai inversé ma logique : au lieu de partir de la citation, je suis plutôt partie de l’idée.
Merci !
Que peut-on retenir de cet entretien ? Pas de recettes toutes faites, je pense. Comme le dit Mariana, nos choix sont guidés par les contraintes du contexte. Ici, elle a simplement dû s’adapter. Elle l’a fait à sa façon, suivant son caractère et avec (c’est mon impression) un certain discernement.
Chaque recherche comporte des phases d’expansion et des phases de synthèse. A titre personnel, je trouve intéressant de voir que les contraintes, qui produisent beaucoup d’effets négatifs (stress, manque de temps) ont eu l’effet inattendu, chez Mariana, de l’amener à synthétiser son argument et à se concentrer sur lui ; même si cela a impliqué des sacrifices, le travail est heureusement resté un travail de qualité. C’est une note d’espoir : malgré vos difficultés, vous pouvez peut-être trouver une solution pour adapter votre travail et parvenir à l’achever.
Et vous comment vivez-vous les contraintes ? Le perfectionnisme est-il un frein dans votre travail ? N’hésitez pas à raconter votre expérience dans les commentaires.
Chers tous,
Je vous remercie pour cette discussion qui reste toujours d’actualité trois ans plus tard !
Je reviens sur les propos initiaux de Fiona qui me semblent sociologiquement intéressants. Sa vision manichéenne opposant les « vrais » chercheurs aux « faux » s’inscrit bien dans une mythologie de la recherche qui sous-tend la compétition entre les chercheurs. J’aimerais en présenter certains aspects et leurs démentis :
– le nombre de page (développement vs synthèse) : les exigences ont changé, les directeurs nous encourageant à réduire le nombre de page. La thèse n’est plus « le coeur » du doctorat, mais un aspect parmi la course aux publications.
– « l’étique » de la recherche, une quête toujours plus approfondie de sens : étant une doctorante aguerrie, je peux vous affirmer que ce crédo est du pipo, et ce pour plusieurs raisons. En première ligne, il y a des conditions matérielles déterminant nos limites. Les inclure dans la thèse me paraît donc être une preuve d’honnêteté et de modestie. Et puis surtout, la recherche est conditionnée par des facteurs humains : l’accès aux sources, les pandémies, etc… Vous oubliez, chère Fiona, qu’un doctorat, tout excellent qu’il soit, est conditionné par ces personnes intermédiaires (archivistes, conservateurs, …). Ce n’est pas un manque d’exigence, mais peut être simplement des contingences matérielles.
– le temps : depuis cette année, il n’est plus possible de continuer son doctorat au-delà de la sixième année de thèse. Dans ces conditions, il est primordial d’avoir un esprit synthétique correspondant à ces nouvelles contraintes.
J’ai déjà vu d’excellentes thèses recourant à la synthèse, et d’autres cachant leur manque d’exigence derrière un développement touffu et un langage abscons.
Le témoignage de Mariana montre l’envers du mythe, c’est-à-dire la réalité du travail de thèse : une pression continue, des conditions de plus en plus réduites nous incitant à boucler « quoiqu’il en coûte ».
J’aimerais que l’on on parle un peu plus de ces bonnes fables pour jeunes chercheurs présomptueux , des légendes entourant le doctorat et les doctorants car je trouve qu’elles peuvent parfois offenser l’intégrité des personnes.
Bonjour, je suis scandalisée par cet article que je trouve tellement réducteur et limite indécent. Ce propos minimise toutes les qualités de véritable chercheur nécessaires (selon moi) à la réalisation d’une thèse : la recherche de fond, la longue haleine, la théorisation, toucher à quelque chose de fondamental. Ce témoignage me révulse et je le trouve odieux voire irrespectueux des vrais chercheurs qui cherchent (et qui ne font pas un vague gros mémoire). Les étudiants dont je suis les mémoires ont davantage d’exigence dans leurs travaux. Ce type de cas (bien que ni idéal ni facile j’en conviens) renvoie ceux sans financement non plus qui n’ont pas forcément d’autres gagne pain à côté à ou en ont carrément plusieurs (vacations en particulier etc) a une atroce image d’eux mêmes : comme s’ils étaient des branleurs parce qu’ils peaufinent et ont du mal à finir au bout de 7-8 ans (en ayant souvent passé en réalité plutôt 3 ans sur leurs thèse sur 7-8ans d’inscription car ils ont donné des cours, fait bcp de bénévolat académique ou autres). Cela me rendrait triste que l’on se permette à cause de ce type de témoignage insipides de potentiellement taxer les vrais chercheurs de trop perfectionnistes qui « fouilleraient trop les choses », développeraient des langages trop ardus car non « synthétiques » : saint graal de la simplification à outrance qui gangrène la pensée et le savoir. En espérant que cela ne sera pas le cas sinon quelle tristesse !
Eh bien, « scandalisée » « indécent » « odieux », rien que ça ! Vous avez le sens de la mesure. Je me demande bien quels termes vous emploieriez pour qualifier un crime ou un coup d’état. Blague à part, je suis très tolérante par nature, je comprends bien des points de vue, par contre ce qui n’est pas dans l’esprit de mon site, c’est de manquer de respect envers les personnes qui y témoignent. Cette doctorante a fait un très bon travail approuvé par vos pairs, madame. C’était bien une thèse, ce n’était pas un gros mémoire. Il y a différents parcours de doctorants. Je ne vois pas en quoi ce témoignage décrédibilise l’expérience d’autres personnes. Une thèse est une alternance de moments d’expansion, où on ouvre des pistes, où on explore, où on suit une hypothèse en profondeur, et de moments de synthèse, où on récapitule, où on ressert son argument. Et pour finir sa thèse, il y a un moment où il faut réussir ce mouvement de synthèse. C’est ce que nous dit très justement le témoignage de Mariana. Je n’ai pas trop compris en quoi ça vous contrarie, et je vous souhaite malgré tout une belle journée, pleine d’équilibre et de modération.
Bonjour Émilie,
Un grand merci pour votre retour et vos précieux conseils.
Je vais essayer de les mettre en pratique malgre la pression dont j’ai dû mal à me débarrasser.
Merci pour tout!
Bonjour Emilie,
Je suis une adepte de votre site et je relis régulièrement vos conseils pour me rebooster. Je fais partie des personnes qui sont doctorantes et maman de 2 enfants et qui ont répondu à votre sondage. J’ai d’ailleurs regardé le webinar et vous remercie pour cette initiative.
Je suis en 5ème année de thèse (la dernière théoriquement mais pas sûr!). Il me reste un chapitre à écrire (le 9ème) et je dois dire que je n’en peux plus. Cela s’en ressent dans l’écriture. J’écris de plus en plus mal. Les phrases sont bancales et je ne cherche plus à approfondir car je sature. D’ailleurs, ma directrice de thèse m’en a fait la remarque. Je vous avouerais que j’ai l’impression d’être dans une impasse. J’ai tellement envie de finir, mais je n’ai plus l’énergie et l’envie nécessaires. Je ne m’attends pas à ce que vous me donniez la solution miracle car je sais que la seule issue est de « serrer les dents » et finir. Mais comment faire lorsqu’on a l’impression de ne plus supporter son sujet et ne plus savoir écrire correctement? Sans exagération mon français n’est vraiment plus bon. Je gère difficilement mon stress en cette fin de thèse et j’ai peur de ne pas réussir à finir.
Merci de m’avoir lue
Cordialement
Bonjour Nour,
j’ai l’impression qu’il faut relâcher un peu la pression. Vous avez presque fini, donc vous êtes épuisée et saturée. Si vous n’écrivez plus bien, c’est que vous n’avez plus le ressort, la motivation, la force. Cela arrive quand on a beaucoup (trop) sacrifié à la thèse, notre existence s’est déséquilibrée, car cela a empiété sur d’autres dimensions de la vie. Que faire ? Retrouver un peu de souplesse. Pendant un moment, prenez des vacances (deux semaines sans thèse, ce serait super !) accordez-vous un temps de plaisir et de loisir sans l’ombre d’une culpabilité. Puis revenez mais avec lenteur et en acceptant l’imperfection. Écrivez un peu chaque jour, pas beaucoup, et tant pis si le texte est mauvais. Vous savez qu’il y aura une phase de relecture par la suite : donc, accordez-vous pour ce dernier chapitre un droit à la lenteur et à l’imperfection, sans culpabilité. Cela va vous débloquer et vous améliorerez votre texte seulement dans un deuxième temps. Pensez à vous aménager des temps de détente (vie familiale, etc). Donc, au lieu de serrer les dents pour finir vite (ça ne marchera pas) au contraire : lâchez du lest. Finissez dans l’indulgence envers vous-même. Et tant pis si ça prend un peu plus de temps. Bonne chance !
Chère Emilie,
Je voudrais vous dire tout d’abord un grand MERCI pour votre travail remarquable. Il y a très peu de docteurs qui reviennent sur leur parcours afin de créer des outils pédagogiques à destination des nouvelles générations de doctorants. Je suis pour ma part en 5ème année de thèse et plus sereine face à mon travail car je suis passée par toutes les phases (isolement, stress, manque de confiance en soi/page blanche), jusqu’à trouver ma méthode et mon rythme de croisière.
Mais je constate au sein de mon université que les nouveaux doctorants sont très mal encadrés. Lors de réunions organisées par l’Ecole doctorale, des doctorants ont fait part courageusement de leurs angoisses mais rien de concret ne leur a été proposé.
D’où ma question: pourriez-vous songer à faire des colloques pour présenter vos outils pédagogiques dans les universités? Je tiens à garder l’anonymat mais je suis dans une université de droit. J’ai vu une vidéo sur youtube qui a constitué un vrai déclic pour moi (https://www.youtube.com/watch?v=qbQ02vJkXQw) mais je pense qu’une réelle interaction avec une personne qui travaille sur la pédagogie de la thèse a un réel intérêt.Je compte parler de votre site internet autour de moi et notamment de votre « agenda de rédaction » que je trouve très utile.
Je vous remercie par avance pour votre réponse
Cordialement
Bonjour Mélanie, merci beaucoup pour votre message qui me touche beaucoup et qui m’encourage à poursuivre dans cette démarche. Je suis très heureuse de pouvoir être utile. Merci aussi de mentionner la conférence de Mme Belleville (le lien youtube), je suis d’accord avec vous, elle est excellente et d’ailleurs je la recommande souvent aux doctorants. Pour le reste je vous réponds par mail !
Bonjour,
Merci pour votre site qui, à mon avis, aide beaucoup les jeunes chercheurs.
Ma première remarque est qu’on devait avoir un service dans les universités qui « guident » les jeunes doctorants. Je m’explique. Dans l’université de Leiden aux Pay-Bas on offre de différents cours aux doctorants, p.e. de methodologie et des groupes de discussion, où on peut poser toutes les questions, justement pour que les gens ne se sentent pas isolé. Il serait bien d’ avoir de l’aide avec la rédaction de son synopsis quand on s’inscrit en thèse. Je dois m’inscrire avant le 5 octobre et je suis déjà bloqué au niveau des 5 à 10 pages sur mon sujet……Existe-t-il un guide pour cela? Mon prof ne répond pas.
Bonjour,
Votre blog est particulièrement pertinent pour les néophytes mais peut-être encore plus pour ceux et celles qui sont, comme moi, sur le point de prendre l’une des plus importantes de leur vie. Je porte en moi depuis bien des années un projet de thèse et avec la récente obtention du CAPES, à la rentrée 2017, je serai jeune prof de LV en lycée. Je me pose donc légitimement la question de concilier une vie professionnelle, un travail sérieux et rigoureux de recherche…et mon rôle de maman solo. Est ce vraiment envisageable même avec une organisation «militaire», un ensemble de ««trucs» pour optimiser le temps et l’énergie? Et surtout une question fondamentale: quel temps doit on consacrer à ce travail sur une thèse de 4 ans ?
Merci pour votre réponse.
Bonjour Elodie, je travaille avec des doctorants qui sont dans ce cas (vie professionnelle + familiale à côté). C’est faisable mais difficile. Il faut une sérieuse motivation, et surtout ne pas faire les erreurs de méthode qui vous enlisent pendant des mois. La clef c’est la régularité quotidienne : travailler un peu chaque jour, même si ce n’est qu’une heure ou deux heures. En gardant ce rythme on peut avancer. Tenez-nous au courant de votre décision…
Bonjour,
Pour ma part, la situation est différente car j’effectue une thèse de doctorat en médecine qui s’avère, à la base être un travail bien moins long que pour les autres doctorants. Mais je rencontre malheureusement les mêmes problématiques : un travail long couplé à des périodes d’exercice (remplacements pour pouvoir vivre), et suis arrivée en fin de licence qui me permettait de faire des remplacements, plus d’entrée au niveau financier, donc le temps commence à sérieusement compter.
Et face à cela surtout, le côté perfectionniste m’inhibe complètement, on m’a toujours poussée à ne pas aller au plus simple et mon président qui a déjà pris connaissance de mon sujet me pousse dans le même sens, plus de profondeur… Donc je suis toujours en train de revoir, refaire, trouver mieux, articuler mieux … quasi jamais satisfaite et au lieu de m’emmener vers plus de clarté , je vais à l’opposé et perds confiance. En plus de la contrainte financière, je reçois pas mal de pression externe pour finir ce travail rapidement…
Même si c’est une thèse de médecine, le sujet touche plus au domaine des sciences humaines , sujet particulièrement intéressant pour moi vu qu’il émane d’un questionnement personnel mais j’ai l’impression d’être face à un puits sans fond.
Comment essayer de dépasser ce côté néfaste perfectionniste qui revient sans cesse au galop ?
Merci d’avance
Je suis de nouveau content de lire cet article. Votre Blog m’a accompagné depuis un certain temps et maintenant que je commence à voir le bout du tunnel de ma thèse, je suis ravis de constater que j’ai vécu les mêmes réalités que Mariana. encore une fois de plus MERCI
Bonjour,
Comme Mariana, je me suis engagée à faire une thèse sans aide ni financements. Pour ma part, je suis actuellement en deuxième année, mais le manque de régularité dans les CDD obtenus m’obligent à détourner mon attention sur le fait de ne pas être explusée de mon logement et de survivre. Je ne sais pas quand je vais obtenir un contrat (femme de ménage, caissière, etc.), du coup, le rapport à ma thèse en pâtit. Je suis stressée au maximum par ce manque total de repères vitaux et de sécurité, et malgré le fait que mon directeur soit une personne formidable, je ne sais pas comment je vais pouvoir continuer à concentrer mes pensées autour de problématiques très complexes soulevées par mon travail. C’est pourtant un parcours que j’aime, que j’investis à fond et dans lequel je fais preuve de certaines compétences déjà reconnues… Mais les qualités suffisent-elles encore pour décider d’un succès ou bien n’est-ce pas l’argent qui au final décide pour nous ? Au pays de la « méritocratie républicaine », il me vient d’en douter très fortement. De par mes ascendances populaires, naïvement, je croyais que l’ascenseur social fonctionnait encore… Ahahha !
Finaliser ce parcours est d’autant plus compliqué que dans mon cursus de sciences humaines, un terrain long à l’étranger est nécessaire, et que les bourses de mobilité ne s’octroient qu’au compte-goutte par l’Ecole Doctorale (1500 € pour la totalité de l’anée 2016). La situation de Mariana était difficile, j’entends bien, mais que penser de la mienne, qui est hélas aussi très emblématique des doctorants aujourd’hui ? Merci.
Bonjour Joséphine,
Oui, c’est une situation franchement difficile que vous décrivez, et dans laquelle se retrouveront malheureusement pas mal de doctorants.Je voudrais souligner les points forts de votre parcours : un bon directeur, une recherche qui vous passionne, des compétences et de la motivation. Les conditions matérielles vont vous freiner, c’est sûr ; vous allez traverser des crises, comme en ce moment où matériellement vous êtes au creux de la vague. Mais qui sait de quoi demain sera fait ; peut-être trouverez-vous un contrat à temps partiel, une bourse. Persévérez, soyez patiente, continuez à croire en vous et un équilibre finira par s’installer. Les situations difficiles finissent par s’améliorer de façon surprenante ou inattendue parfois. Bonne chance et bravo pour votre courage !