Une nouvelle année débute et si vous êtes en thèse, vous risquez de voir revenir les sempiternelles questions du doctorant : aurais-je fini // bien avancé ma thèse avant la fin de cette année ? Est-ce que je vais atteindre mes objectifs ?
La thèse est une lutte contre le temps, et celui-ci a la mauvaise habitude de nous filer entre les doigts. Alors que faudrait-il faire pour que cette année soit productive, certes, mais aussi plus sereine ? Voici trois pistes, trois astuces dont la mise en place va vous amener à reconsidérer des habitudes de pensée qui vous stressent et diminuent vos capacités de travail.
NB : Cet article participe au carnaval d’articles organisé par le blog SerenEtudes.fr, le blog des étudiants !
Posez des objectifs qui vous motivent
(et pas des objectifs qui vous mettent la pression)
J’entends souvent dire que la thèse est comme une montagne à gravir, et dit comme ça, ça fait peur, bien sûr. Mais est-ce qu’on vous demande de gravir la montagne en une journée ? Non. C’est la capacité à diviser le chemin en étapes qui vous permettra de réussir.
Voici un conseil que je donne très souvent aux doctorants que j’accompagne : lâchez un peu l’objectif de long terme, et guidez-vous par des objectifs de moyen et court terme. Autrement dit, arrêtez, justement, de penser à la fin de l’année, à la soutenance, etc. Organisez votre travail par plages maximum de trois mois ; sachant que des objectifs au mois peuvent suffire. Ils sont ce que j’appelle des objectifs de moyen terme. Mais pour passer concrètement à l’action, ce sont des objectifs encore plus précis qui vous aideront : des tâches à faire dans la journée ou dans la semaine.
Poser des objectifs de courts termes et les diviser en tâches, c’est d’ailleurs aussi la méthode qu’indique Amandine du blog SérénEtudes, et je vous recommande notamment l’article : la méthode des petits pas ou comment ne plus être débordé dans ses études.
Je me permets de le dire par expérience : penser aux échéances finales ne sert à rien qu’à vous stresser. Ensuite, gardez à l’esprit que poser un objectif, ce n’est pas formuler ce que vous souhaiteriez faire (aujourd’hui, cette semaine, ce mois). C’est d’abord vous observer et estimer ce que vous êtes réellement en mesure de faire, en fonction de vos capacités, de votre temps, de votre état émotionnel. Trop d’objectifs sont irréalistes, et donc frustrants et contre-productifs.
Valorisez votre travail : le carnet de réussite
La thèse met à rude épreuve votre confiance en vous. Vous pensiez avoir de bonnes compétences, en tant qu’étudiant ou en tant que professionnel ; mais voici que la thèse vous met face à des défis nouveaux, et vous vous sentez désarmé(e). Vous vous demandez si vous y arriverez. Il vous semble que votre travail n’est pas à la hauteur. Sachez que tous les doctorants passent par cette étape de désarroi.
Oui, la recherche fait appel à des compétences que vous allez devoir bâtir peu à peu. C’est normal de se sentir perdu(e) au début, et ça ne doit pas vous amener à douter de vous-même. De la même façon, ne culpabilisez pas si vous avez l’impression d’avancer comme un escargot, si votre entourage vous met la pression (car il ne sait pas par quoi vous passez), ou si votre thèse réelle est différente de la thèse idéale que vous aviez envisagée.
Je le remarque chaque jour : les doctorants sont les champions de la culpabilisation (et du perfectionnisme qui va avec). Et ça, ça leur fait perdre beaucoup d’énergie.
Mettons fin à cela. Voici ce que vous allez faire : achetez un carnet (joli ou banal, à votre guise). Tous les soirs, notez vos réussites de la journée, et seulement vos réussites. Même minuscules. Entraînez-vous à les trouver. Et aucune critique ou objection, juste les réussites. Si vous parvenez à faire cet exercice quotidien 15 jours de suite, votre état d’esprit aura déjà évolué, et vous commencerez à voir les effets bénéfiques sur votre travail. Ce sera devenu une habitude bénéfique.
Communiquez de façon équilibrée avec votre directeur/directrice
Votre directeur vous impressionne, et vous avez peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Devant lui, vous vous sentez tout(e) petit(e), même si vous n’êtes plus si jeune. Alors, quand vous n’arrivez pas à écrire ce chapitre qu’il vous demande, vous n’osez rien lui dire. Vous vous murez dans le silence. Et plus ce silence dure, plus il est difficile à briser. En plus, il nourrit les malentendus et les incompréhensions : votre directeur va croire que vous décrochez, et lui aussi, il va commencer à s’inquiéter. Il va peut-être alors chercher à vous remotiver en vous relançant et en vous redemandant ce fameux texte, ce qui va vous stresser encore plus etc. Ou bien, il va se mettre lui aussi aux abonnés absents.
Vous connaissez cette situation ? C’est pénible, n’est-ce pas ?
Une bonne communication avec son directeur permet une thèse plus sereine. Mais comment s’y prendre ?
Eh bien, osez considérer que vos difficultés ne sont pas dues à une insuffisance personnelle, mais qu’elles font partie du processus, et que vous n’avez pas à en avoir honte. Une thèse n’est pas un long fleuve tranquille. Ecrire n’est pas une activité automatique qui marche à tous les coups. Il faut apprendre à le faire, et l’apprentissage passe par l’échec.
Recontactez votre directeur pour lui dire que vous achoppez sur un point théorique, ou que vous êtes bloqué (e), que l’écriture n’est pas facile ; cette démarche est légitime et permet de crever l’abcès. Je ne peux pas vous garantir que votre directeur sera compréhensif ni qu’il vous donnera de bons conseils ; mais au moins il comprendra la situation et n’ira pas s’imaginer autre chose. Et surtout vous aurez osé reconnaître vos difficultés, sans vous sentir dévalorisé(e) : et ça, c’est le début d’un changement de posture important. Car c’est comme ça qu’on se sort des complications : on les reconnaît, on les accepte avec bienveillance, on les assume face aux autres, et on apprend à demander de l’aide, que ce soit à notre directeur ou à une autre personne de confiance. Osez vous affirmer, sans timidité ni agressivité.
Que diriez-vous de mettre vraiment en pratique ces conseils ? Il est possible que, bien que cela paraisse être de petites choses, ils enclenchent une dynamique positive qui fasse de 2021 une année plus gratifiante. Car après tout, c’est toujours par cela qu’on commence : par de petites choses !
Dites-moi en commentaire ce que ces astuces vous inspirent !
Super article !!
Moi qui prépare ma thèse en médecine c’est clair que le temps me file entre les doigts. Entre les stages, les gardes, les cours, mon blog, la vie sociale etc.. plus beaucoup de place pour le reste.
Heureusement que je peux compter sur mon directeur de thèse pour m’aiguiller et m’aider quand je suis bloqué !
Merci,
JEB
Quand ça patine, ça fait vraiment du bien de lire Emilie!
Moi, ma petite astuce quand c’est compliqué est …. de regarder derrière tout le chemin parcouru et les nouvelles compétences acquises. Et de mesurer combien elles sont utiles, pas seulement pour la thèse mais pour tellement d’autres choses! En bref regarder derrière quand regarder devant paraît brumeux!
Bon courage pour le chemin de thésard parfois caillouteux mais tellement riche !
Merci Emilie !
Super utile. Hmm pour ma part je fais une thèse d’ethno. Je crois que ce qui m’aide à avancer c’est : 1. Je sais déjà au fond de moi que ma thèse ne sera pas lue par 10 000 personnes, qu’elle soit bonne ou mauvaise;
2. Je sais déjà que je ne serai jamais le prochain Levi Strauss;
3. Je me saisis précisément de mes moments de doute, de procrastination comme de leviers d’analyse dans ma recherche;
4. Il y a le covid les gars et les filles ! C bon tout va bien.. On a le temps, les facs seront tolérantes..profitez-en en pour lire ! A quelque chose malheur est bon non ? Mes objectifs d’écriture et de lecture à court terme, comme dit Émilie, sont précisément de petits rituels qui m’évitent de penser à la crise et me soignent de l’anxiété ambiante…
5. Je crois qu’il faut faire de son mieux et que, hormis le capital symbolique du doctorat, il faut voir la thèse comme un processus d’amélioration de soi. Surmonter doutes et culpabilite en fait partie. Je prends chaque difficulté comme une occasion de grandir sur tous les plans. Et il faut savoir se pardonner les choses parfois. On est pas des robots et c bien il me semble…
Encore mille mercis Émilie.
Un fan objectif.
Alcide 🙂