Le plan de votre thèse, c’est l’itinéraire qui vous permet de vous guider dans un pays inconnu : sans lui, vous allez vous perdre. Un itinéraire, avec ses étapes, se prépare à l’avance ; et surtout, pour le décider, encore faut-il que vous ayez prévu un point de départ et un point d’arrivée…

Beaucoup de doctorants sentent que de la pertinence de leur plan découlera la qualité de leur thèse. C’est pourquoi il n’est pas rare de consacrer des semaines, voire des mois, à  réfléchir à son plan de thèse. Pourtant, à un moment, il faut se décider et faire confiance à son plan.

Dans cet article, j’ai décidé de répondre ici à certaines de vos questions les plus fréquentes.

Question 1 : Qu’est-ce qu’un bon plan de thèse ?

Le plan indique de quelles parties et sous-parties sera composée votre thèse ; il donne les titres de ces parties et si possible une synthèse en quelques lignes de ce qui y sera traité. Le plan est utile essentiellement au doctorant, c’est un « plan de travail » ; il doit aussi, en général, être présenté au directeur de thèse. Il deviendra peu à peu une vraie table des matières, complétée quand vous aurez fini la rédaction.

Un bon plan est un plan qui guide bien le rédacteur… mais aussi le lecteur ! Il doit être avant tout lisible, sinon c’est qu’il y a un problème. Que signifie lisible ? Que vous ne pouvez pas vous contenter de titres vagues, trop généraux ou jargonnants. L’argument de votre thèse (ce que vous avez à dire) doit apparaître dans votre plan.  Pour y parvenir, faites l’exercice d’écrire une petite phrase pour chaque partie ou sous partie, commençant pas « ici je voudrais démontrer que – ou vérifier si… ».  Les mots que vous emploierez dans cette phrase doivent apparaître dans le titre.

Bref, un bon plan exige un effort considérable d’argumentation et de synthèse. On ne peut pas le faire à la va-vite, car il impose de dessiner un véritable chemin argumentatif qui vous mènera vers la conclusion de votre thèse.

Question 2 : Quand doit-on faire le plan ?

Certains travaillent le plan progressivement, en fonction des hypothèses qu’ils dessinent pendant leur travail de terrain ; ces hypothèses finissent par former un schéma de pensée. Quand ils ont fini de récolter leurs données, leur plan est bien présent dans leur esprit.

Cela semble idéal, mais tout le monde ne fonctionne pas comme ça : chaque doctorant est différent. Vous allez peut-être vous retrouver au bout de deux ans de recherches avec plein de données plus ou moins en désordre, plein d’idées, plein d’hypothèses, sans savoir comment les hiérarchiser, dans quel ordre les traiter etc…

Je pense que le plan est très corrélé aux données, c’est-à-dire que c’est en faisant le tri de vos données (entretiens, documents, archives etc.) que vous parviendrez à faire votre plan. En effet, si vous ne savez pas encore ce que vous devez conclure de vos recherches, comment analyser vos lectures, ou vos entretiens par exemple, ce sera difficile de faire un bon plan.

Le plan s’effectue donc après le recueil des données, même si chez certains doctorants  qui  analysent leurs données au fur et à mesure il peut commencer à être pensé même avant que ces données soient toutes recueillies : mais il est de toute façon finalisé quand le travail de terrain est terminé et les résultats triés.

Question 3 : Par quoi dois-je commencer pour faire mon plan ?

Par définir ma question de recherche ! Je n’ai aucun doute là-dessus, la question de recherche est le fil d’Ariane, elle met de l’ordre dans le désordre: le plan doit être pensé comme une réponse articulée et argumentée à cette question. Relisez cet article à ce sujet.

Question 4 : Le plan doit-il être très détaillé ?

Ça dépend de deux choses : des exigences de votre directeur, éventuellement (certains exigent beaucoup de détails, d’autres pas du tout !) et surtout de votre propre caractère et de votre façon de faire.

Certains doctorants peuvent se représenter avec précision une idée avant de l’écrire ; ils en ont même besoin. Ils vont faire « spontanément » un plan très détaillé, en listant, hiérarchisant, ordonnant leurs idées a priori.

D’autres doctorants doivent écrire pour faire émerger leurs idées. Un plan très détaillé avant l’écriture leur est donc impossible.

En rédigeant, ils se mettent à suivre des pistes inattendues. Elles sont peut-être intéressantes, mais il faut les garder pour plus tard si elles ne correspondent pas au grand thème à traiter.

Vous vous reconnaissez dans ce portrait? Vous devez donc faire un travail de tri « sur le tas » en vous relisant pour classer les notions apparues à la rédaction : faire la chasse aux digressions, choisir d’incorporer les idées les plus pertinentes. Bref, le plan est constamment retravaillé, dans un travail de fourmi.

Si vous travaillez comme ça, assumez-le (vous n’êtes pas seul (e) !) mais veillez au moins à stabiliser de grands thèmes et voir dans quel ordre les traiter. Si vous fixez les grandes parties de votre thèse avant la rédaction (pas les sous-parties) ce sera déjà pas mal et ça vous orientera un minimum. Votre plan ne sera donc pas très détaillé : ça ne l’empêchera pas d’être pertinent si vous le faites avec soin et ne remettez pas sans cesse en cause ses grands axes.

Question 5 : Y a-t-il des modèles de plan ?

Je vois que l’on trouve sur internet des « plans-types » (je vous laisse chercher, merci Google). Je ne vous le proposerai jamais car cela peut vous mener droit dans le mur en vous évitant de réfléchir à votre argument de recherche.

Personne ne sera jamais en mesure de vous donner un « bon » plan préfabriqué. Si vous pensez vous en sortir en appliquant une recette (de type : partie 1 : cadre théorique, partie 2 : problématique, patrie 3 : méthode etc…) vous risquez de mauvaises surprises car même un tel plan exige une solide réflexion. Il n’existe pas de modèle mais des schémas récurrents : il y a des plans thématiques, des plans dialectiques (sur le fameux modèle thèse, antithèse, synthèse), des plans déductifs.

Certaines disciplines favorisent les plans thématiques (chaque partie correspond à un grand thème, une grande hypothèse de votre travail, le cadre théorique est construit au fur et à mesure de la thèse) et d’autres favorisent des plans très classiques suivant un modèle de raisonnement issu des sciences dures, où on expose la théorie avant d’expliquer l’expérimentation qui teste une hypothèse (dans ce cas le cadre théorique vient au début de la thèse).

Dans l’un ou l’autre cas, connaître votre question de recherche et comment vous allez tenter d’y répondre AVANT de faire le plan est le travail nécessaire que vous ne pouvez pas vous économiser.

Je finis en vous donnant un conseil simple mais qui, je l’espère, vous sera très utile : n’hésitez pas à aller sur http://www.theses.fr/   pour consulter les plans des thèses de votre discipline (voyez-en plusieurs). Vous connaîtrez ainsi les usages dans votre domaine. Vous vous rendrez compte que certains plans sont lisibles, clairs, et d’autres abscons ; cela vous encouragera à mettre de la clarté dans votre propre plan.

Bonne chance pour cette étape cruciale !!

Si vous souhaitez vous former, sachez que je propose un programme intitulé Réussir Son Plan (vous retrouverez mes programmes ici).

Si vous avez d’autres questions laissez-les en commentaires !