Ah ! la soutenance…. Quand je rédigeais ma thèse, la simple évocation du mot suffisait à faire monter en moi une vague d’angoisse ! Depuis, j’ai assisté à de nombreuses soutenances et je peux dire qu’il n’est pas si difficile de réussir cette épreuve.

Une soutenance au XVIème siècle... ça avait l'air animé !

Une soutenance au XVIème siècle… ça avait l’air animé !

« Réussir » ne signifie pas éviter toutes les critiques, d’ailleurs : elles font partie du jeu. Voici 4 grandes qualités que vous devez cultiver, en tant que candidat, pour montrer au jury le meilleur de vous-même et de votre travail.

Soyez…

Prévoyant !

Vous redoutez plus que tout de ne pas savoir quoi répondre à une question, de perdre le fil de vos idées juste au moment critique ? La bonne nouvelle c’est qu’il y a un remède assez simple : préparez-vous, et préparez-vous correctement. Cela ne supprimera pas complètement la peur, mais vous courrez beaucoup moins le risque de rester coi face au jury.

C’est pourquoi le candidat « idéal » est avant tout prévoyant. Le mois précédent la date prévue, ne prenez pas d’engagements qui ne seraient pas nécessaires (aller à un colloque, écrire un article…). Consacrez-vous plutôt à :

  • Lire minutieusement vos rapports de thèse. Il y a toujours une partie assez descriptive où le rapporteur résume votre thèse ; c’est bien, cela vous permet à vous de comprendre comment votre travail est perçu et de prendre un peu de hauteur. Ensuite, avec un peu de chance, il y a une partie critique. Cette partie-là vous offre de précieux indices. Lisez-la plusieurs fois à tête reposée. Elle vous permet d’anticiper les questions qui vont être posées. Le rapporteur souligne que l’utilité d’un concept peut être discutée ? Que le chapitre 5 aurait pu être davantage développé ? Très bien. Ces questions vont sortir pendant la soutenance. Vous allez faire des fiches de préparation pour y répondre. Faites de brèves recherches sur le concept évoqué, défendez votre manière de l’utiliser. Essayez de comprendre le pourquoi de la critique et répondez-y posément dans votre fiche préparatoire.
  • Qui sera votre jury ? Renseignez-vous sur eux. Sont-ils en phase avec vos idées ? Ont-ils des marottes théoriques, y a-t-il des questions qu’ils posent tout le temps, des concepts qui les passionnent et qu’ils veulent toujours discuter ? C’est bon à savoir.
  • Continuez à vous préparer aux questions : faites une liste des questions que vous redoutez. Pourquoi les redoutez-vous ? Comment pourriez-vous tout de même y répondre ? Récapitulez vos arguments, faites des recherches complémentaires. Là encore, préparez une fiche par question / idée. N’hésitez pas à demander à votre directeur son avis sur les questions qui peuvent peut-être tomber à la soutenance. Relisez les parties clefs de votre thèse, comme l’introduction : peut-être avez-vous évoqué un concept que finalement, vous n’avez pas trop approfondi ensuite. Pourquoi ? Comment pourrait-il quand même nourrir votre réflexion ?

Synthétique

Là encore, être synthétique, ça se prépare. Prenez le temps de la réflexion. Prenez de la hauteur. En fait, à quelle question avez-vous voulu répondre dans votre recherche ? Et tout bien pesé, quelle est votre réponse ? Oui, je sais, il y a plusieurs questions et plusieurs réponses. Mais vous devez parvenir à une synthèse qui résume ce que votre thèse apporte au débat scientifique, et pourquoi elle est cohérente. Écrivez quelques phrases clefs (et courtes) que vous garderez en tête : mon questionnement était le suivant. J’ai démontré ceci. La principale difficulté a été celle-là. Je l’ai surmontée de telle façon. Je m’inscris dans tel courant théorique, ou bien, par exemple : j’ai souhaité faire converger ces deux courants théoriques.

La capacité de synthèse vous permettra de défendre efficacement votre position, d’être plus convaincant. A l’oral, les arguments sont forcément plus resserrés qu’à l’écrit, c’est pourquoi il est utile de vous entraîner à les formuler dans des phrases courtes. Pour en savoir plus sur comment formuler la question principale de recherche, consultez cet article.

Affirmatif

Vous êtes là pour défendre votre thèse, d’ailleurs en Belgique une soutenance s’appelle une défense ! Alors il faut y croire. examen réussi !Vous y avez passé des années, c’est la somme de tous vos efforts. Bien qu’elle ne soit pas parfaite, c’est ce que vous avez réussi à faire. Mettez-la en valeur. Sur une page, faites l’exercice d’établir clairement quelles sont les forces et les faiblesses de votre travail. Demandez-vous comment les forces (bons entretiens, ou bonne réflexion théorique, ou méthode très réfléchie…) peuvent compenser, atténuer les faiblesses. Imprégnez-vous de ces points forts. Il ne s’agit pas, pendant la soutenance, de nier les faiblesses de votre travail, vous pouvez les reconnaître ouvertement, et même les expliquer, mais sachez embrayer tout de suite après sur un point fort. Une attitude combative, si elle est équilibrée, sera appréciée.

Ouvert et spontané

La soutenance, c’est aussi un exercice de communication orale : alors il y a quelques trucs simples à respecter : souriez (et oui ! cela prédispose favorablement le jury à votre égard, c’est un message que vous adressez directement à leur inconscient) ; levez la tête, tenez-vous droit, les épaules ouvertes, gardez une expression accueillante, même si vous recevez une critique, même si vous êtes en train de vous défendre. Je sais que vous aurez le trac, donc vous ferez plutôt semblant d’avoir du sang-froid et d’être à l’aise : mais ce n’est pas grave, faire semblant suffit à envoyer le bon message. Spontané, cela veut aussi dire que vous si vous vous embrouillez dans une phrase, vous pouvez sourire, reprendre beaucoup plus naturellement et dire : « bon, en fait ce que j’essaie de dire c’est … » avec des termes plus familiers. Personne ne vous en voudra.

C’est le moment de s’affirmer comme chercheur : et ça passe aussi par l’image ; sûr de vous, capable de recevoir une critique, de se défendre tranquillement, et sans timidité excessive.

Vous trouverez également dans cet article comment améliorer votre communication orale.

Je vous ai donc présenté les 4 bonnes attitudes à avoir et vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai pas parlé du texte de présentation ? En effet tout doctorant en soutenance commence par présenter son travail, et ce bref exposé donne le ton ; bien mené, il peut vous éviter quelques écueils. Comme il est si important, il fera dans les prochains jours l’objet d’un article complet ici même !

D’ici là, bon courage à vous  et n’hésitez pas à commenter ! Si vous avez déjà soutenu, racontez vos impressions, et apportez vos propres conseils !